Chapitre 2 : Quels sont les rôles des milieux humides ?
En tant qu’écosystèmes multifonctionnels, les milieux humides fournissent des services environnementaux indispensables! On les surnomme souvent les «reins de la planète» puisqu’ils filtrent et purifient l’eau. D’ailleurs, l’eau filtrée naturellement par les plantes et les micro-organismes du sol s’infiltre dans la nappe phréatique, rechargeant ainsi les réserves d’eau souterraine. C’est d’ailleurs de là que provient l’eau potable de Saint-Lazare!
Mais il y a plus encore!
1. Filtration et amélioration de la qualité de l’eau
Le sol et la végétation des milieux humides captent les polluants avant qu’ils ne se rendent aux cours d’eau, contribuant ainsi à assurer une meilleure qualité de l’eau. La végétation et les micro-organismes décomposent ou piègent les contaminants, les métaux lourds, les sédiments et les nutriments en excès comme l’azote et le phosphore. À titre d’exemple, une étude a démontré que les milieux humides peuvent réduire jusqu'à 60 % les niveaux de nitrate dans l'eau!
2. Régulation hydrologique
Ces zones amortissent les fluctuations hydriques naturelles. Elles stockent l’eau lors des crues, ralentissent les écoulements et libèrent lentement l’eau emmagasinée.
3. Réservoirs de biodiversité
Les milieux humides du Québec abritent environ 40 % des espèces d'oiseaux et plus de 30 % des espèces végétales menacées. Leur conservation est donc essentielle à la préservation de cette biodiversité. Nous en reparlons plus en profondeur au chapitre 3.
4. Stockage de carbone
Les tourbières, sont le type de milieu humide qui emmagasine le plus de carbone, soit environ 30 % du carbone terrestre mondial, bien qu'elles ne couvrent que 3 % de la surface terrestre. La tourbe qui est formée par la lente décomposition de la matière rganique agit comme un puits de carbone dont les réserves peuvent s’accumuler sur des milliers d’années. Leur destruction pourrait libérer d’importantes quantités de gaz à effet de serre.
5. Contribution au cycle de l’eau
En infiltrant les excès d’eau de surface, les milieux humides rechargent les nappes phréatiques. Ces réservoirs souterrains d’où provient notre eau potable alimentent ensuite les rivières et lacs en période sèche, maintenant un débit constant.

Les services inestimables rendus par les milieux humides justifient l’urgence de d’agir et de protéger ces milieux uniques. Leur dégradation aurait des conséquences dommageables et à long terme sur l’environnement et les communautés humaines.
Les tourbières: des écosystèmes uniques et précieux
Les tourbières, comme la Tourbière-du-Bordelais, sont des milieux humides où une épaisse couche de matières organiques mal décomposées, principalement la mousse de sphaigne, s’est accumulée sur des milliers d’années en raison de la saturation en eau peu oxygénée (anoxique) et, un sol parfois presque aussi acide que du vinaigre et pauvre en nutriments. Ces écosystèmes jouent un rôle écologique vital en capturant et en stockant de grandes quantités de carbone. Une tourbière, boisée ou non boisée, peut contenir jusqu'à 30 fois plus de carbone qu'une forêt tempérée de même superficie, faisant de ces milieux un allié précieux dans la lutte contre les changements climatiques.

En plus de leur rôle dans la séquestration du carbone, les tourbières contribuent à la régulation de l’eau. Elles agissent comme des éponges naturelles, retenant l’eau en période de pluie et la libérant lentement, ce qui aide à maintenir un équilibre hydrologique local et protège les communautés contre les inondations. Ces habitats uniques abritent également une biodiversité remarquable composée d’espèces adaptées aux conditions du sol acide et pauvre en nutriments, comme des plantes carnivores, des bleuets en corymbes, du thé du Labrador, et une faune aviaire des plus diversifiées.
Conserver et valoriser les tourbières est essentiel pour préserver leur richesse écologique et leurs services environnementaux. Leur protection s’inscrit non seulement dans une démarche de conservation locale, mais aussi dans un effort global pour réduire l’impact des activités humaines sur le climat et les écosystèmes naturels.